Journal de bord de printemps : éloge du silence
Je me suis assise près de la fenêtre ouverte , la brise gonflait légèrement le rideau , la douce lumière du soleil inondait la pièce et les oiseaux virevoltaient en fredonnant leur chant printanier ....
Derrière le silence se cache une autre vie , d'autres bruits qui apaisent l'esprit et invitent notre âme à communier avec l'instant présent. Derrière le silence il y'a ce souffle qui nous invite à l'apaisement , au dépouillement , à la contemplation. Je vis ces instants comme des moments de grâce , goûtant un bonheur sans artifice , sans chemins de traverses.
Je vis ces moments avec beaucoup d'attention , essayant de saisir l'ingrédient secret de cette paix intérieure qui m'envahit . Je les observe avec curiosité , je les dissèque dans mon esprit, les analyse aussi et les compare à ces autres moments de vie au sein desquels j'avance en mode " pilote automatique" ou alors rongé par une angoisse , une colère ou autre ressenti qui paralyse totalement mon esprit et bloque l'accès à mes sens....
Je ne pense pas avoir trouvé l'ingrédient secret mais je pense avoir saisi ce qui m'empêche d'avoir accès plus régulièrement à ces états de bien-être intérieur et donc de bonheur : mon disque dur est saturé.
Nous vivons dans une société de distractions permanentes . Les outils modernes qui nous permettent d'être connectés les uns aux autres ont fini par nous déconnecter de nous-même . Nos téléphones portables ont mis en place des relations d'urgences , nous rendant obligés les uns envers les autres pour tout et n'importe quoi. Les résaux sociaux créent des besoins et des problématiques qui n'éxisteraient pas si ces reseaux n'étaient pas , transformant les adultes que nous sommes en adulescents ( adulte-adolescent) . Des adulescents qui veulent être le centre d'attention , qui recherchent la reconnaissance , qui se créé des "communautés" dont leur vie devient complètement dépendante. Les relations sont biaisées par ce besoin d'être adulé et l'amitié , la vraie , est une denrée rare sur ces plate-formes.
Il y'a quelques années j'ai cessé Facebook et depuis quelques jours j'ai désactivé mon compte Instagram. J'ai conscientisé l'addiction, la perte de temps , les faux-semblants , ces jeux de rôle qui nous empêchent d'avoir accès à la "vraie "personne qui se cache derrière un pseudo, une image....J'ai joué sans vraiment saisir les règles du jeu . Des règles de jeu qui , aujourd'hui, ne sont pas compatibles avec la vie à laquelle j'aspire. Une vie simple et authentique , où je ne me perd pas dans des envies , des goûts qui ne m'apppartiennent pas . Une vie plus secrète aussi car comme le dit cette célèbre citation : pour vivre heureux vivons caché.
Je travaille aussi sur mes pensées négatives, essayant de comprendre pourquoi elles surgissent et m'envahissent . J'apprends à les analyser à la source et bien souvent mes pensées toxiques ont pour moteur d'anciennes peurs refoulées. Il suffit d'un évènement, d'un mot , d'une image , pour parfois relancer une vieille rangaine...C'est là que l'adulte qui est en moi entre en scéne pour rassurer l'enfant bléssé qui cohabite encore avec moi.
Le silence c'est aussi une respiration consciente et profonde , qui peut faire taire le manège étourdissant du mental.
Enfin , le silence c'est aussi un reconditionnement en choisissant à quoi et à qui je porte mon attention. C'est choisir ce qui me remplit l'esprit et si je laisse mes pensées négatives l'obscurcirent , je peux aussi laisser mes pensées et mes envies positives y faire place .
Vous l'aurez compris, le silence intérieur n'est pas la mort de la pensée ou de la distraction , c'est accueillir dans notre monde intérieur ce qui le fleuri et le met en joie.
Notre plus grand pouvoir est celui que nous avons sur nous-même. D'où l'importance de savoir dire "non" à ce qui est extérieur et "oui" à qui nous sommes et ce à quoi nous aspirons.
J'assume ces goûts qui sont les miens , ces ambiances et occupations désuètes qui remplissent mon coeur d'une paix douce et joyeuse.
Je savoure ces petites joies qui me reconnectent à mon âme et peut-être à ce que j'ai été dans un lointain passé...
Je savoure ces passes-temps qui font l'éloge de la lenteur dans ce monde qui court après un idéal qui me semble contraire à nos lois naturelles...
Je savoure la vie qui passe , la vraie, celle qui fait appel à mes sens et qui me fait sentir à ma juste place. Je ne cherche plus ma voie : je marche dessus.
A bientôt
Sophia